Saddam-le-romancier utilisait des "n�gres"
[2003-06-11 - 14:58]
BAGDAD, Irak - L'invasion de l'Irak par les forces anglo-am�ricaines n'a pas seulement mis fin � la carri�re d'homme d'Etat de Saddam Hussein, mais aussi � ses vell�it�s d'homme de lettres. Le dernier roman attribu� � l'ancien pr�sident irakien, "Partez d'ici, maudits!", �tait sur le point d'�tre publi� lorsque l'offensive a d�but�, le 20 mars. Ecrit dans le courant de l'ann�e 2002, ce quatri�me "roman" de celui qui se voulait le "nouveau Saladin" n'atteindra jamais les rayons des librairies. Selon Ali Abdel-Amir, un �crivain irakien qui a pass� au crible les pr�c�dents ouvrages pr�tendument �crits par Saddam Hussein, celui-ci n'en a probablement jamais r�dig� un seul. "Saddam dictait les grandes lignes de ses romans au magn�tophone et le personnel de son palais transcrivait ces bandes". Celles-ci �taient ensuite remises � un comit� du minist�re de l'Information et de la Culture. Il revenait alors � ce dernier, compos� d'�crivains et d'intellectuels, d'�crire le roman et de le soumettre � Saddam Hussein. Au terme d'une navette qui s'instaurait alors entre le comit� et le pr�sident, celui-ci donnait enfin son imprimatur. En d�pit des "cerveaux" auquel Saddam Hussein avait recours pour coucher ses id�es sur le papier, ses trois ouvrages parus ne portent trace d'aucun g�nie litt�raire, estime Abdel-Amir. "Je trouve que les livres de Saddam traduisent un sens profond de l'individualisme, recourent aux st�r�otypes et sont plut�t superficiels", ajoute-t-il.
LA CHUTE DES TOURS
"Ouvrage par son auteur" �tait le nom de plume de Saddam, encore utilis� pour son dernier roman, dont les exemplaires, entrepos�s au minist�re de l'Information, �taient pr�ts � �tre distribu�s lorsque la guerre a �clat�. Cet ouvrage lourdement all�gorique, dont Reuters a pu se procurer une copie qui a surv�cu aux bombardements alli�s, raconte l'histoire d'un fier et droit chef arabe, Salem, qui vient � bout de ses ennemis am�ricains et juifs. Salem, qui n'est autre que Saddam, selon Abdel-Amir, parvient � unir les tribus arabes divis�es pour d�faire Hisquel, un envahisseur �tranger avide, m�chant et sale mais qui ne laisse pas les femmes indiff�rentes. "Hisquel, dans le roman de Saddam, repr�sente les Juifs. Son alli�, un chef de tribus romaines, repr�sente les Etats-Unis. Et, bien s�r, Salem les bat � plates coutures lors d'une bataille entre le Bien et le Mal." La description de la victoire de Salem fait r�f�rence aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis puisque la victoire de Salem est consomm�e dans le roman par l'incendie et la destruction de deux tours par les hommes de Salem. Le dernier roman de Saddam Hussein laisse transpara�tre sa perception particuli�re des femmes, des Kurdes ou des Iraniennes toujours infid�les. Elles ne sont l� que pour satisfaire les d�sirs sexuels des hommes et passent pour sournoises, pr�tes � trahir et � tromper. Les "oeuvres" de Saddam Hussein ont �t� encens�es par des centaines de publications irakiennes, mais les �crivains et critiques ne pouvaient faire autrement, souligne Abdel-Amir. "Vous oseriez, vous, critiquer son travail et penser ensuite vous en tirer?"